3.31 (a.ii) Delafosse (1900) (French)

Assassi-oua (French) in: AfricaAnyi

Traduction. — Ciel-Grand son fils un ils appellent lui Assassi-oua1 il envoya lui sur-la-terre, qu’il vienne2 it demande du-vin-de-palme. Il vint, il demanda du-vin-de-palme ; ils dirent ils ne-lui-donnent-pas3. Alors homme un il donna lui4 vin-de-palme du5. Alors il (Assassi-oua) dit l’homme que : « Fabrique pirogue et6 prends boue maçonne dedans, allume dedans du-feu. » Alors homme ce il fit le6 (cela). Alors il7 (Assassi-oua) dit : « Eau grande va venir, mais fais attention bien ; et lune cette elle va sortir delà, entre pirogue dans. » Et lune sortit, il entra dedans avec sa femme ; et il prit coq un avec femelle une ; il prit bouc, il prit chèvre une ; il prit bélier un, il prit brebis une ; il prend bêtes elles toutes si complètement (complètement toutes), et ils (l’homme et sa femme) prennent ils attrapèrent8 beaucoup beaucoup (de bêtes) encore.
Alors l’eau tombe longtemps, elle couvre maisons toutes toutes sur. Et homme cet il entra pirogue dans il va eau sur. Eau cette tua hommes tous bien (complètement tous) : il resta homme cet tout-seul. Alors Ciel-Grand (son) fils descend pirogue dans, il dit homme que : « Prends étoffe, prends fais maison pirogue sur, et8 puise eau beaucoup beaucoup verse-la pirogue dans : lune cette qui9 va sortir là, soleil va10 chauffer. »
Et soleil chauffe longtemps ; il dure mois deux, jour tombe pas11. Et eau cette elle baisse longtemps et elle finit dedans (disparut). Alors homme cet il fit maison encore, lui seul demeurait dedans avec sa femme. Et ils firent longtemps12, ils firent enfants encore. Et le-viliage devint13 s’agrandit encore. Ses enfants ils épousaient leurs frères, et ils faisaient plantations, ils allaient-à leurs villages-de-cultures, ils allaient bâtir leurs maisons petites, et hommes devinrent13 nombreux encore.

Traduction libre. — Le Ciel avait un fils qu’on appelle Assassi-oua. Il l’envoya sur la terre pour qu’il allât demander du vin de palme aux hommes. Assassi-oua vint demander du vin de palme : on refusa de lui en donner. Un homme seulement lui en donna. Alors Assassi-oua dit à cet homme : « Creuse une pirogue, mets-y de la boue que tu dameras et allume du feu dessus. » L’homme le fit. Alors Assassi-oua lui dit : « Il va venir une grande pluie, fais bien attention : quand la lune va commencer son premier quartier, entre dans ta pirogue. » Lorsque la lune se montra, il entra dans la pirogue avec sa femme ; et il y avait mis un coq et une poule, un bouc et une chèvre, un bélier et une brebis, et toutes les autres bêtes, et beaucoup, beaucoup d’autres encore qu’ils avaient attrapées.
Alors la pluie tomba pendant longtemps, l’eau couvrit absolument toutes les maisons. Mais cet homme, qui était en pirogue, voguait sur les eaux. Le déluge fit périr tous les hommes : il ne resta que celui qui était dans la pirogue. Alors le fils du Ciel descendit dans la pirogue et dit à cet homme : « Prends de l’étoffe et arrange une tente sur ta pirogue ; ensuite puise beaucoup d’eau et verse-la dans la pirogue ; car lorsque la prochaine lune va se lever, le soleil va chauffer. »
Et le soleil chauffa longtemps. Pendant deux mois le jour ne cessa pas. L’eau baissa petit à petit et finit par disparaître. Alors cet homme construisit une nouvelle maison, où il habita seul avec sa femme. Ils y restèrent longtemps et eurent de nouveaux enfants, et leur village s’agrandit : car les fils de cet homme épousèrent leurs sœurs et en eurent des enfants, et ils firent des plantations, et bâtirent de petites maisons autour de leurs cultures ; et les hommes redevinrent nombreux comme auparavant14.

(1) Asasi veut dire « terre » en achanti : Asasiwa signifie donc « Fils de la Terre ». D’après la mythologie agai-achanti, le Ciel en effet épousa la Terre et en eut plusieurs enfants dont le Soleil, la Lune, Asye-Busu et Asasiwa.
(2) bla est ici le subjonctif « qu’il vienne ».
(3) be mèmè pour be ma ma èi (ils ne lui donnent pas).
(4) ma « donner » fait souvent au prétérit mè ni au lieu de ma ri.
(5) o est explétif.
(6) na veut dire ordinairement « mais », et aussi quelquefois, comme dans ce cas « et ».
(7) i se rapporte ici à Asasiwa.
(8) trè ri est ici pour tra ri.
(9) awõro ñga b’a fi ble est là pour awõro ñga bô a fi ble ; a fi est le présent proche de fi : « la lune qui va venir de là, qui va commencer ».
(10) ba « venir » a ici comme plus haut (awõro ñga o ba fi lo) le sens de notre verbe « aller » placé devant un infinitif.
(11) C’est-à-dire que le soleil ne s’est pas couché durant deux mois.
(12) be yo dededede, « ils font longtemps », c’est-à-dire « ils passent un long temps », même sens que plus haut o di awõro nyõ « il fit, il dura deux mois ».
(13) Fa devant un verbe a le sens de « devenir, commencer à ».
(14) Cette légende, très répandue dans toute la région agni-achanti, est très curieuse par son analogie avec lé récit biblique; il est absolument certain cependant qu’elle n’a ni une origine chrétienne ni une origne musulmane ; je l’ai recueillie auprès de gens qui la tenaient de leurs ancêtres et qui n’avaient jamais eu’aucune relation ni directe ni indirecte soit avec des chrétiens, soit avec des musulmans. À noter la précaution conseillée par le fils du Ciel d’emporter du feu : les Agni attribuent au feu une origine mystérieuse et en conservent toujours, ne sachant pas allumer du feu sans feu.

(a.i) Anyi(a.ii) Delafosse (1900) (French)(a.iii) Secondary sources

– Delafosse, Maurice, Essai de Manuel de la langue Agni, (Paris: Librairie Africaine & Coloniale), 1900), pp. 157-159. [This source is in the public domain; download here].

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